Фильм "Реджин Дефорж. Документ о Непрошлом" об известной французской писательнице, которая в свое время была запрещена во Франции за "литературное развращение общества".
Снят в кафе Вавилон в Доме Кино в Киеве.
Режиссер - Саша Шаги, Озвучка - Френк Котте. Язык - французский, украинский
Je ne connaissais pratiquement rien sur Régine Desforges jusqu’à ma rencontre avec elle. Pour notre rendez-vous, j’avais griffonné quelques questions stupides. Nous étions censés nous entretenir sur le thème de la femme, mais je ne savais pas trop quoi demander à cette femme sur le sujet. J’avais trouvé quelques informations la concernant : qu’elle avait 75 ans, qu’elle avait écrit beaucoup de livres et que ces œuvres avaient été censurées pendant longtemps car elles traitaient de l’érotisme.
Pour le 8 mars, l’Institut Français d’Ukraine à Kiev avait convié Régine Desforges à une table ronde ayant pour thème « Le choix de la femme entre vie privée et carrière ». Cette rencontre avec le public devait avoir lieu à la Maison du Cinéma de la capitale. Nous avions donc rendez –vous au café « Babylone », place propice car au sein même du lieu de cet événement. , là où comme à l’époque soviétique, des femmes robustes armées de chariots de cuisine ramassaient la vaisselle vide des tables et mettant dehors les clients restant trop longtemps attablés, empêchant les nouveaux de prendre place. Notre rencontre débuta dans cette salle alors bruyante. On entendait une femme ukrainienne crier du rez-de-chaussée. Là, quelques dizaines de femmes festoyaient et, entre deux vins, chantaient les airs du pays. Lorsque je suis arrivé dans la salle, je constatai que Régine Desforges fumait le cigare.
Dès les premiers mots, elle ne s’est pas adressée à moi en anglais. Cette bouche, d’où s’enfuyait de la fumée, ce corps couvert pas une robe-boule noire, cette voix à la fois enrouée et délicate n’étaient pas fait pour prononcer la langue anglaise. Les interprètes m’ont épaulé.
J’ai commencé notre rencontre par une phrase malheureuse : « Je suis venu pour m’entretenir avec vous sur votre vie de femme et sur les Femmes en général, mais je vous avoue sincèrement n’avoir lu aucun de vos livres. J’avais aussi préparé quelques questions banales que je ne vais certainement pas vous poser, mais je vous en poserai d’autres. »
La distance qu’elle mettait entre nous m’effrayait et m’attirait en même temps. Cette distance, je l’attribuerai au temps. De temps à autre, elle me souriait et me demandait de répéter ce qu’elle n’avait pas entendu. Elle fumait de façon élégante le cigare et cette beauté m’absorbait constamment.
J’ai continué : « A titre d’exemple, j’ai l’habitude de diviser l’existence de la femme en 3 périodes : l’Avenir, entre 20 et 30 ans , le Présent entre 35 et 50 ans et le passé pour les femmes ayant plus de 60 ans. J’aimerais que notre discussion traverse ces 3 périodes. Alors, pouvez-vous m’évoquer vos 20 ans ?»
D’abord, Régine Desforges a levé les yeux au ciel puis les a baissé et finalement elle m’adressa un signe de tête, comme si elle se transportait dans cette période-là, puis elle a dit : « à 20 ans, j’étais mariée, j’avais un enfant et j’étais propriétaire d’une librairie.. » Je voulais en entendre plus mais à ce moment, un ange passa. C’est alors qu’elle a rajouté : et c’est tout. »
Troublé, j’ai poursuivi : « et les rêves que vous aviez à cette époque ? Dans quelle direction vouliez-vous aller ? Dans quel pays auriez-vous voulu vivre ? Après un instant de réflexion, elle m’a répliqué : « comme je vous l’ai déjà dit, à cette époque, je travaillais, j’étais mariée et ce que je voulais le plus, c’était de réconcilier l’épouse, la mère et la femme active qui cohabitaient en moi.
J’ai alors continué : « Et quelle est la chose la plus extraordinaire qui vous est arrivée à ce moment ? »
«A cette époque, c’était la guerre d’Algérie et l’ambiance à Paris était très tendue. J’étais alors une jeune employée dans une librairie et je vivais dans un univers masculin, car la plupart des employés de cette librairie était des hommes, c’était donc un peu difficile. A 30 ans, j’ai fondé ma propre maison d’édition et publié mes premiers livres érotiques. C’est alors qu’ont commencé mes premiers problèmes avec la justice.
Visiblement les maladresses dues à la méconnaissance de son œuvre et sur sa vie l’irritaient, mais ce que je désirais le plus était d’être franc et libre face à elle, même dans mon ignorance. Il semble que les hommes n’en soient pas toujours capables devant les femmes.
Quand je lui ai demandé « Qu’est ce que cela fait d’être interdite ? Qu’avez-vous ressenti quand votre livre Le vélo bleu a été censuré ? De manière enflammée et enthousiaste, elle m’a coupé : « N-O-O-O-N !! Le vélo bleu n’a jamais été interdit il a seulement été écrit quelques années plus tard !
C’est alors que j’ai appris qu’elle avait été accusée de « violation des droits moraux collectifs », suite à cela ses propres droits civils ont été violés : figurez-vous qu’elle a même été privée du droit de vote.
Dans le Présent, à ses 40 ans, elle est devenue écrivain. A partir de ce moment, elle s’est consacrée à l’écriture et a publié beaucoup de livres. Et « Le vélo bleu » a conquis le cœur de tous.
Parfois, notre conversation manquait de questions, alors des silences s’installaient. Parfois aussi mes questions étaient incongrues, ou bien elle ne les comprenait pas, mais elle les redemandait obstinément. Ou bien parfois, je ne comprenais même pas mes propres questions. Et puis parfois, quelques unes lui plaisaient, et elle souriait mais pudiquement.
- « Quelle est votre représentation de la femme du monde, Régine ?
- « C’est la femme de l’Occident. Cette femme a ses pleins droits et elle peut faire et diriger sa vie dans ce monde d’hommes. »
- Et si vous aviez une discussion avec une femme écrivain aussi célèbre que vous, que quoi parleriez-vous ?
- De Littérature.
- Si vous aviez la possibilité de vous adresser à toutes les femmes du monde, que voudriez-vous leur transmettre par une expression ou une phrase ?
- Je leur dirai d’être libres : libres financièrement, socialement et affectivement c'est-à-dire dans leurs sentiments.
- Et si, au contraire, vous aviez l’occasion de parler aux hommes, quel message voudriez-vous leur faire passer ?
- Je leur conseillerai d’être plus tolérants et de céder plus d’espace aux femmes. Attention je ne veux pas dire qu’il y a la guerre entre les hommes et les femmes. Ce n’est pas la guerre ; il n’y a pas de guerre…
Lorsque je voulus évoquer la dernière période de la vie de femme, j’ai pris conscience que je n’avais pas le droit de classer dans le Passé cette femme de 75 ans en pleine force de l’âge, belle et énergique. Régine Desforges m’a informé qu’elle était en train de travailler sur son prochain livre intitulé « Le vocabulaire amoureux de Paris ».
A ce moment, ses yeux luisaient. J’ai vu le tout Paris en elle. L’amour et la vie entière à la fois complexe et antinomique, claire et obscure.
Pour conclure, je lui ai demandé « Pensez-vous influencez les gens par vos livres ? »
« Non, je ne peux influencer par ma parole, on ne peut influencer que par la manière dont on vit sa vie, a conclu Régine Desforges
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